J’ai récemment publié un post sur LinkedIn à propos des difficultés rencontrées par les personnes en reconversion professionnelle dans l’informatique, dans le domaine du développement web en particulier.
Le succès de ce post a, de beaucoup, dépassé mes attentes. Et vous êtes très nombreux à m’avoir contacté, tous dans des situations similaires : après une ou plusieurs formations en développement (souvent orienté web) auprès d’organismes divers et variés, vous cherchez un premier poste ou une alternance. Et là, personne ne veut vous prendre. Certains essuient des refus suite aux entretiens, d’autres n’arrivent même pas à obtenir ces entretiens. Lors de nos discussions, je finis par donner plus ou moins les mêmes conseils à tout le monde.
Cet article a donc pour but de regrouper ces conseils, pour qu’ils soient accessibles à tous. Mais aussi pour que je parvienne à répondre plus vite à vos messages ! 😅
Vous n’êtes pas développeurs…
Du moins, pas encore ! 😉
Pensez-vous que connaître sur le bout des doigts toutes les règles du football ferait de vous un footballeur ? Clairement, non. Un arbitre, à la rigueur. Et même pas, car même ce rôle demande de la pratique. Vous ne serez pas footballeur avant d’avoir touché un ballon et pratiqué ce sport ! (si on m’avait dit que j’utiliserai un jour le foot comme image dans un article, j’aurais probablement bien ri…). C’est la même chose pour le développement informatique.
Une formation théorique ne suffit pas à devenir développeur. À la fin de votre formation, vous avez normalement intégré une partie des connaissances requises pour devenir développeur. Vous avez appris certains concepts théoriques indispensables, le fonctionnement d’un langage de programmation (quel qu’il soit), vous avez découvert une partie du paysage technologique de ce secteur d’activité.
Cependant le développement demande de la logique, l’acquisition de certains automatismes et cheminements de pensée, la connaissance approfondie des langages utilisés. Et tout cela ne peut s’acquérir que par la pratique ! La plupart des formations accompagnent les cours théoriques d’exercices d’application, mais le temps passé à résoudre des problèmes reste insuffisant.
On me dit parfois « dans notre formation, on fait énormément de pratique ». C’est très bien, si on parle de la même chose ! « Pratiquer » un langage de programmation ou un framework, selon moi, c’est s’en servir par soi-même, pour atteindre un objectif donné (l’implémentation d’une fonctionnalité, la correction d’un bug, etc.). Suivre un tutorial qui décrit « écrivez telle ligne de code, constatez le résultat, puis écrivez telle autre ligne de code, etc. », ce n’est pas de la pratique à mes yeux. C’est une introduction à un langage, la découverte de son fonctionnement de base. C’est un début, mais vous ne réfléchissez pas : vous vous contentez d’écrire ce qu’on vous dit d’écrire.
À la sortie de vos formations, vous êtes donc généralement des développeurs potentiels. Mais, pour rester dans l’image du sport, ce sera à vous de transformer l’essai pour réellement devenir des développeurs. Donc développez ! Faites des projets perso, des exercices d’entraînement, etc. C’est en résolvant des problèmes que vous améliorerez réellement vos compétences.
Ok. Mais cela vaut aussi pour les jeunes qui sortent d’école d’informatique, non ?
En partie, oui. Mais ces formations sont généralement beaucoup plus longues (entre 3 et 5 ans). Les étudiants ont donc le temps de pratiquer et d’acquérir ces savoir-faire. Contrairement aux personnes en reconversion, qui doivent ingurgiter en peu de temps une grande quantité de connaissances théoriques. Ce qui laisse finalement peu de temps à la pratique. Les quelques-uns d’entre vous qui ont eu la chance de réaliser des stages pendant ces formations, ou une alternance, s’en sortent un peu mieux : ils ont un peu de pratique dans leurs bagages.
L’image des « reconvertis »
Du fait de ce manque de pratique, ainsi que de nombreux préjugés sur la reconversion professionnelle, voici l’image que la plupart des gens du secteur ont de vous : « ils ne savent rien faire », « il faudra tout leur apprendre », « ils partent de zéro », « ils n’ont pas les bases« , « ils ne sont pas autonomes« , et j’en passe…
Il y a une part de vrai (dont une partie s’applique aussi aux devs juniors de formation initiale d’ailleurs). Mais également une grosse part de faux. Malgré tout, vous rencontrerez probablement ces réactions dans votre recherche d’emploi, soit de la part des recruteurs, soit de la part des profils techniques qui évalueront vos compétences. Ou encore de la part de vos futurs collègues de travail.
Comment décrocher un job dans ces conditions ?
D’une part, il faut déjà rappeler tout ce que cette image ne reflète pas. Le fait que, vous, les personnes en reconversion professionnelle avez, souvent, déjà connu l’univers de l’entreprise. Que vous êtes souvent beaucoup plus motivés que certains jeunes développeurs de formation, qui ont tendance à se reposer sur leurs lauriers. Souvent plus appliqués et consciencieux également ! Pour en arriver là, vous avez également dû apprendre en partie par vous-mêmes : vous êtes tenaces et autodidactes. Vous aimez apprendre, ou vous n’en seriez pas là. Et, a priori, si vous vous êtes orientés dans cette voie et que vous y persistez, c’est que vous aimez le dev. Et ça, ça joue beaucoup, croyez-moi ! Les meilleurs développeurs que j’ai rencontré dans ma carrière étaient tous des gens qui aimaient développer.
Voilà pour redorer un peu votre image (et votre confiance en vous) ! 😎
Mais cela ne suffira pas toujours.
Il vous faudra casser cette image de personne qui « part de zéro et ne sait rien faire ». Et pour cela, il faudra prouver que, si, vous savez faire des choses ! Et que, sur certaines tâches, vous êtes déjà autonomes.
Montrez ce que vous savez faire !
Certains d’entre vous listent sur leur CV, de façon très exhaustive, tous les noms de techno qu’ils ont pu aborder en formation.🎓 Des listes parfois très longues (trop longues ?) pour des personnes sans expérience. Je vais être clair : ces mentions de technos n’ont aucune valeur !
Enfin, « aucune » c’est un peu fort… disons « presque aucune ». Ne perdez pas de vue qu’un développeur avec 10 ans d’expérience aura probablement la même liste sur son CV. La différence, c’est que lui s’en sert depuis 10 ans, donc les maîtrise. Contrairement à vous qui les avez, généralement, survolées.
Comme on l’a vu précédemment, pour savoir faire, il faut pratiquer. Bon nombre d’entre vous l’ont compris et réalisent des petits projets personnels. Pour prouver que vous savez faire, il faut le montrer ! Cela, en revanche, vous êtes beaucoup moins nombreux à l’avoir réellement compris.
- Si vous êtes actifs sur LinkedIn (ce qui est probablement le cas si vous lisez cet article), il faut que votre profil soit complet : expériences pro, nature et dates des formations que vous avez suivies, certifications si vous en avez, etc.
- Si vous avez une spécialisation sur un langage, indiquez-le dans votre titre « Intégrateur web HTML/CSS/Javascript », « Développeur Java », « Développeur front React », « Développeur PHP / Symfony », etc. Cela permettra aux recruteurs de mieux cibler vos profils. 🔎
- Il faut que vos projets soient accessibles à toute personne qui souhaiterait les consulter. Un portfolio, un compte GitHub + des GitHub Pages, des liens placés sur votre profil LinkedIn : peu importe ! Utilisez la rubrique « Médias » du profil LinkedIn pour les mettre en avant. J’insiste vraiment sur ce point : je suis convaincu que c’est INDISPENSABLE ! Si je vais traîner sur votre profil LinkedIn, je dois tomber sur vos réalisations immédiatement.
- Vous avez participé à un hackathon ou à un concours de programmation : indiquez-le et publiez votre résultat ! 🏆 Je vous encourage d’ailleurs fortement à participer à ce genre d’évènements. Le simple fait que vous ayez participé montre votre intérêt et votre motivation. Si, en plus, le résultat est bon (et soyez indulgents avec vous-même dans cette évaluation), cela montre votre maîtrise d’un langage. Vous n’avez donc absolument rien à perdre à le mentionner !
La liste n’est pas exhaustive, mais si vous faites déjà tout cela, vous avez déjà fait un bon pas en avant. Encore une fois, toutes vos réalisations sont le reflet de vos compétences techniques, bien plus que votre CV : il faut absolument que vous les montriez !
Un projet fini vaut mieux que dix « en chantier »
Hmm… qu’est-ce que je viens d’écrire là ? « Toutes vos réalisations sont le reflet de vos compétences »…
Par conséquent, que pensez-vous que reflète un portfolio à moitié terminé ? Un lien vers un projet perso qui renvoie vers une erreur 404 « Not Found » ? Une liste de cinq, six, dix réalisations, mais toutes « vite faites, mal faites » ? 😞
Vous allez déjà, malgré vous, hériter d’une image de « développeur du dimanche, qui bricole des sites web dans son garage ». S’il-vous-plaît, ne renforcez pas cette image ! On cherche à la casser, pas à apporter de l’eau à son moulin.
Prenez le temps de terminer vos projets, d’avoir quelque chose d’abouti, de présentable. Un projet perso terminé, qui fonctionne, vaut mille projets « en cours ». À beaucoup d’entre vous, j’ai donné cet exemple d’un post que j’avais croisé sur LinkedIn et que j’avais trouvé génial : une étudiante présente un projet qu’elle a réalisé. C’est un petit jeu inspiré de Mario : un personnage qui se déplace sur une grille et récupère des pièces. Il n’y a rien de très compliqué là-dedans, rien de révolutionnaire. Mais ça fonctionne ! C’est joli. On l’essaie, on joue avec 5 minutes pendant la pause. L’effet souhaité est là : elle passe le message « je cherche du boulot », tout en montrant ses compétences.
Pour rappel, un projet présentable, c’est un projet accessible sur Internet. Récemment, lors d’une discussion avec une personne en reconversion, cette personne m’a dit : « j’ai fait un projet pour m’entraîner. – Ok. Je peux voir ? – Je peux t’envoyer un zip du code source. ». Non. Je pourrais regarder. Mais aucun recruteur, ni même aucun dev qui évaluera vos compétences, ne prendra le temps d’aller lire votre code source (pas en première approche, du moins). Il faut que ça soit rapide et immédiat ! Imaginez que vous voulez montrer le projet à votre grand-mère. 👵
Les conseils que je vous donne donc :
- Soignez le rendu de vos projets perso. Prenez le temps de les terminer, correctement. Il n’y a nullement besoin que le projet soit très compliqué. En revanche, il est indispensable qu’il fonctionne et qu’il renvoie une bonne image de vos compétences et savoir-faire. Il faut que ça « fasse pro » !
- Évitez de vous éparpillez sur dix projets à la fois.
- Si vous publiez vos projets sur un portfolio (qui, lui aussi, sera très soigné 😏), présentez-les un peu. Dans quel contexte avez-vous réalisé chaque projet ? Quand ? L’avez-vous réalisé seul ou en groupe ? Quelles technos avez-vous utilisé ? Quelles difficultés avez-vous rencontrées ? Pas besoin d’écrire une page complète, juste une phrase pour chacune de ces questions suffit. Cela rend la réalisation plus accessible à un profil non-développeur (un recruteur de formation RH, par exemple). Et c’est l’occasion rêvée pour étayer les noms de techno mentionnés sur votre CV !
L’appel à un ami !
Toujours dans l’optique de prouver vos compétences, si vous avez déjà réalisé une mission (stage, alternance, CDD, CDI) dans une entreprise, et que ça s’est bien passé, demandez à une personne de cette entreprise de vous laisser une recommandation sur LinkedIn. De préférence, demandez à un profil technique (votre lead tech pendant la mission, par exemple) ou à votre responsable direct pendant la mission.
Un témoignage de ce genre valide le résultat de votre mission, prouve que vous êtes capable de travailler dans le domaine et apporter satisfaction à un poste de développeur. Cela peut avoir beaucoup de poids aux yeux d’un futur employeur !
Si la mission s’est réellement bien passée, et que vous aviez un bon contact avec les personnes de l’entreprise, osez demander cette recommandation ! La pire chose que vous risquez, c’est un refus. Et ce n’est pas grave.
En revanche, veillez à bien choisir les personnes à qui vous le demandez, car ces recommandations peuvent être à double tranchant. Je vous décourage fortement de vous faire recommander par vos camarades de formation, par exemple. L’effet final n’est pas du tout le même.
En savoir plus…
Si dessous, quelques conseils de lecture supplémentaires que j’ai trouvées pertinentes. Je complèterai l’article de temps en temps pour en ajouter d’autres :
Devenir développeur après une reconversion, de Rayed Benbrahim. Son article décrit très bien la réalité du secteur. Attention, l’optimisme n’est pas la qualité principale de l’article : il ne faut pas que cela vous décourage, mais plutôt vous informe et vous oriente vers la bonne marche à suivre.
Des questions ?
Si, après cette lecture, il vous reste des questions. Ou si l’article en a soulevé de nouvelles. Si vous avez besoin de conseils sur ce que vous pourriez faire pour améliorer vos compétences ou l’image que vous en donnez ? Vous pouvez toujours me contacter pour en discuter 💬 ou rejoindre la communauté Discord « Hey Buddy » sur laquelle je fais parti des mentors tech. Je serai ravi de pouvoir vous aider ! C’est complètement gratuit. Je n’essaie pas de vendre quoi que ce soit : je suis un dev ! J’essaie juste de filer un petit coup de main à des reconvertis, en étant un moi-même.